C’est un nouveau scandale qui éclabousse la Commission européenne en charge des autorisations de pesticides.
>>> Au mépris de dizaines d’études scientifiques qui étayent la toxicité et la dangerosité des pesticides SDHI, et du boscalid en particulier, pour les abeilles, les vers de terre, et toute une biodiversité animale indispensable[1] …
>>> Au mépris des alertes des chercheurs, qui parlent de cancérigènes probables, et de maladies mitochondriales liées au mode même de fonctionnement des pesticides SDHI[2]…
>>> Au mépris aussi de son propre règlement, qui lui impose de réévaluer les effets de cette substance en prenant en compte ces nouvelles données scientifiques accablantes – qui à elles seules justifieraient un retrait de ces molécules et donc une potentielle perte de profit pour les actionnaires de BASF, la multinationale qui vend ce produit…
…la Commission a prolongé pour trois ansl’autorisation en Europe du fongicide SDHI ultra-controversé boscalid, une autorisation pourtant expirée depuis 2018 !
Pour dénoncer devant la justice cette inadmissible preuve de l’emprise des firmes agrochimiques sur les institutions européennes, et pour y mettre un terme, POLLINIS a déposé un recours le 14 février 2024 devant le Tribunal de l’Union européenne contre la prolongation abusive du boscalid[3], et au nom des 400 000 citoyens et citoyennes déjà engagés à ses côtés dans ce combat salutaire pour la biodiversité et la santé.
Mais pour que notre riposte réussisse, il ne nous faut pas seulement de très bons juristes et avocats. Il faut aussi que notre action en justice soit soutenue par un vaste mouvement populaire au niveau européen, capable de contrer la pression des lobbys de l’agrochimie sur les responsables politiques et les juges.
Ensemble, nous allons forcer la Commission européenne à retirer du marché européen le boscalid et tous les pesticides SDHI tueurs d’abeillesqui contribuent dramatiquement à l’effondrement des insectes pollinisateurs et de la biodiversité qui en dépend…
…et mettre un terme aux prolongations abusives de pesticides dangereux.
Les règlements imposent que les molécules autorisées dans les champs le soient seulement sur une période limitée (généralement pour 10 ans), après laquelle leur toxicité doit être réévaluée pour obtenir une nouvelle autorisation.
Mais lorsque la Commission se retrouve dos au mur face à l’accumulation de données scientifiques indépendantes dénonçant les effets néfastes de substances dont elle a elle-même approuvé l’autorisation, comme dans le cas du boscalid par exemple…
… où une réévaluation de ces substances, qui prendrait en compte les nouvelles preuves de leur toxicité, mettrait un terme aux autorisations de commercialisation, privant ainsi les marchands de pesticides de milliards d’euros de chiffres d’affaires…
…ces réévaluations qui traînent arrangent tout ce petit monde et en attendant, la Commission « prolonge » les anciennes autorisations – qui dans le cas du boscalid est expirée depuis 2018.
La Commission choisit ainsi sciemment de fermer les yeux sur les données scientifiques désormais irréfutables, et de contourner son propre règlement au bénéfice des actionnaires de BASF – quelles que soient les conséquences sur les abeilles et la biodiversité.
Et le cas du boscalid est loin d’être un cas isolé.
Aujourd’hui en Europe, pas moins de 187 substances dont 125 pesticides de synthèse potentiellement dangereux pour la biodiversité et la santé bénéficient de prolongations automatiques et sont ainsi maintenues sur le marché sans réévaluation de leur toxicité – certaines ayant bénéficié d’une prolongation allant jusqu’à dix ans supplémentaires ou plus, soit l’équivalent d’une réautorisation !
Avec notre recours en justice contre le boscalid, nous dénonçons le contournement abusif du règlement qui dédaigne les preuves apportées par les scientifiques.
Les SDHI sont des substances chimiques qui bloquent l’action d’une enzyme essentielle qui facilite la respiration cellulaire de tous les êtres vivants ou presque, la SDH (pour enzyme Succinate Déshydrogénase).
Cette enzyme joue ce rôle crucial pour une grande partie des espèces végétales et animales, y compris chez l’Homme.
Vendus comme « fongicides », des pesticides destinés à tuer uniquement les champignons et les moisissures, les SDHI ont donc en réalité un mode d’action potentiellement très dangereux pour tous les êtres vivants :
>> Les SDHI favorisent des maladies graves chez l’Homme, notamment certains cancers du rein ou du système digestif, des maladies neurodégénératives telles que Parkinson ou Alzheimer et ce dans des proportions que les agences sanitaires sont incapables de mesurer aujourd’hui[4]. Et tout récemment, les conclusions du groupe d’experts dédié aux SDHI et convoqué par l’Anses pour répondre à la pression grandissante de la société civile et de la communauté scientifique, ont révélé leurs effets délétères sur multiples organes vitaux (foie, reins, etc.)[5].
>> Des chercheurs du CNRS et de l’INRAe ont mené une étude en 2023 pour mesurer l’impact du boscalid sur les abeilles[6] .
Après avoir nourri des abeilles ouvrières avec un sirop contenant une dose réaliste de boscalid, comparable à ce que les abeilles peuvent trouver dans leur environnement, ils ont montré que les reines avaient elles aussi été intoxiquées via la gelée royale contaminée.
Et leurs résultats sont tout simplement effarants:
>>>> l’espérance de vie des reines intoxiquées a chuté de près de la moitié, avec des décès significatifs pendant et peu après la période nuptiale ;
>>>> le taux de fécondité des reines intoxiquées a diminué, suite à une chute de 29 % du nombre de spermatozoïdes trouvés dans leur spermathèque, 4 mois après le début de l’étude ;
>>>> le comportement des ouvrières a changé, menaçant la survie des colonies étudiées (comportements hygiéniques, stockage de pollen, etc.) ;
>>>> la réponse immunitaire des abeilles s’est trouvée affaiblie face au varroa, cet acarien parasite si redouté des apiculteurs.
Et l’étude conjointe du CNRS et de l’INRAe est loin d’être un cas isolé :
En tout, ce sont plus de 70 études recensées par POLLINIS qui mettent en évidence les trop nombreux effets des SDHI, et du boscalid en particulier[3].
Les données sont là et sont sans appel. La science ne peut plus être ignorée !
L’alerte lancée il y a sept ans par le biologiste Pierre Rustin, Professeur et spécialiste mondial des maladies liées aux dérèglements de la respiration cellulaire, a été confirmée depuis par de très nombreuses études parues à travers le monde. Toutes démontrent que les pesticides SDHI pourraient avoir des conséquences dramatiques à long terme pour notre santé et notre environnement.
Tous ces effets doivent être pris en compte sans plus attendre et tant que leur réévaluation n’a pas été finalisée, les fongicides SDHI, y compris le boscalid, doivent être retirés du marché !
Mais pour BASF et consors, cela signifierait l’arrêt immédiat d’une manne de plusieurs milliards d’euros par an. Pas question pour eux de priver leurs actionnaires de ce juteux pactole : avec la complicité de la Commission européenne, ils peuvent encore commercialiser leurs produits jusqu’en 2026 sans être inquiétés – et qui sait combien d’années supplémentaires ils gagneront encore lorsque cette prolongation arrivera à terme…
Face à l’urgence de l’effondrement de la biodiversité, mettons nos dirigeants et la Commission au pied du mur et obligeons-les à défendre le vivant et l’intérêt général plutôt que les profits de l’agrochimie !
Nous menons un travail acharné depuis des années contre ces pesticides tueurs d’abeilles, nous portons la voix de plus de 400 000 citoyens et citoyennes européens engagés à nos cotés, nous avons mobilisé des dizaines d’eurodéputés dans ce combat crucial pour la survie des abeilles, et venons de lancer un procès contre la Commission, pour obtenir le retrait du boscalid en attendant l’issue de sa réévaluation.
Nous disons stop aux prolongations abusives, qui permettent à BASF et toutes les multinationales de l’agrochimie de gagner du temps et d’écouler leurs stocks !
Alors que le déclin des abeilles et des pollinisateurs, piliers des écosystèmes dont dépendent la plupart des plantes sauvages et les trois-quarts de la production agricole mondiale, s’accélère dramatiquement en France et dans le monde…
et que nous risquons à tout moment d’atteindre un point de rupturebrutal et irréversible de l’équilibre du monde vivant…
POLLINIS a besoin de vous et de votre participation urgente. Ensemble :
>> défendons le vivant et déjouons les plans perfides des lobbys de l’agrochimie ;
>> obligeons la Commission européenne et nos dirigeants à prendre en compte les données scientifiques et faisons interdire le boscalid et l’ensemble des fongicides SDHI ;
>> mettons fin aux prolongations systématiques et répétées dont continuent de bénéficier beaucoup trop de substances actives de pesticides dangereux pour la biodiversité.
Merci pour votre engagement et votre soutien. Et n’oubliez pas de faire circuler ce message autour de vous.
Avec espoir et détermination, L’équipe POLLINIS
Références
[1] DesJardins, N. S. et al. 2021. A common fungicide, Pristine®, impairs olfactory associative learning performance in honey bees (Apis mellifera). Environ Pollut 288; Fisher, A. et al. 2021. Field cross-fostering and in vitro rearing demonstrate negative effects of both larval and adult exposure to a widely used fungicide in honey bees (Apis mellifera). Ecotoxicol Environ Saf 217; Liu, Y., et al. 2022. Oxidative stress, intestinal damage, and cell apoptosis: Toxicity induced by fluopyram in Caenorhabditis elegans. Chemosphere, 286 (Pt 3); Kopit et al. 2021. Effects of Provision Type and Pesticide Exposure on the Larval Development of Osmia lignaria ( Paris, L. et al. 2020. Honeybee gut microbiota dysbiosis in pesticide/parasite co-exposures is mainly induced by Nosema ceranae. J Invertebr Pathol 172; Schmitt et al. 2021. Effects of Pesticides on Longevity and Bioenergetics in Invertebrates—The Impact of Polyphenolic Metabolites. International Journal of Molecular Sciences; Velki, M. et al. 2019. Acute toxicities and effects on multixenobiotic resistance activity of eight pesticides to the earthworm Eisenia andrei. Environmental Science and Pollution Research International; Yanicostas, C., & Soussi‐Yanicostas, N. 2021. SDHI Fungicide Toxicity and Associated Adverse Outcome Pathways: What Can Zebrafish Tell Us? International Journal of Molecular Sciences.
[6] Maxime Pineaux, et al. Honeybee queen exposure to a widely used fungicide disrupts reproduction and colony dynamic. Environmental Pollution, 2023, 322, pp.121131.
Forgot Password
Reset Password
Politique de confidentialité
POLLINIS utilise des cookies afin de mieux vous connaître et d'améliorer votre expérience de lecture.